À L’ORIGINE, UN DISPOSITIF TOULOUSAIN DÉDIÉ
De la Bulgarie à Toulouse, plus de 1 200 km et 5 frontières. Une distance considérable que nombre de familles roms parcourent pour venir en France… et à Toulouse notamment où France Horizon participe depuis juillet 2016 à un dispositif d’insertion sociale dédié à ces publics.
A l’origine de ce dispositif ? Une initiative de la Mairie de Toulouse : plutôt que d’expulser ces populations, celle-ci a déployé une politique d’évacuation des camps de roms en proposant aux personnes qui l’acceptent un logement moyennant trois engagements ; une participation financière au loyer, la scolarisation des enfants et leur engagement, durable, dans une démarche d’insertion sociale.
C’est dans ce cadre que France Horizon Toulouse/Occitanie avec son service SDILE (Service diagnostic insertion par le logement et l’emploi) et une autre association, SOLIHA, se charge de l’accompagnement vers l’insertion sociale de ces publics relogés par la Ville de Toulouse.
À LA RENCONTRE DES INSTITUTIONS BULGARES ET DES POPULATIONS ROMS
Bénéficiant d’un financement dans le cadre du programme européen ROM ACT, la Ville de Toulouse a permis à une délégation de se rendre en Bulgarie du 12 au 17 novembre 2017. La coordinatrice du dispositif chez France Horizon, un représentant de SOLIHA, un membre du service de lutte contre les exclusions de la Mairie de Toulouse et 2 médiateurs de l’agglomération et de la Mairie de Bordeaux ont fait le déplacement.
Au programme ? La rencontre, dans 3 villes – Peshtera, Plovdiv et Pazardjik –, des acteurs locaux déployant les politiques sociales bulgares auprès des populations roms. A chaque fois, une réunion collective a permis à la délégation française de rencontrer Maires, directeurs d’écoles, directions de la protection sociale, de la protection de l’enfance, Agences locales d’emploi, entreprises d’insertion, médiateurs sociaux…
Des rencontres « institutionnelles » qui furent ponctuées par des visites d’écoles, de centres communautaires, d’entreprises d’insertion et de quartiers et bidonvilles roms pour mieux se rendre compte des conditions de vie et de prise en charge de ces populations.
Une semaine clôturée par la rencontre de l’ambassadeur de France en Bulgarie (photo ci-après), à l’Institut Français de Sofia, auprès duquel la délégation a pu présenter sa démarche, ses réflexions et interrogations.
UN DÉPLACEMENT RICHE D’ENSEIGNEMENT
Emilie C., coordinatrice du dispositif chez France Horizon Toulouse/Occitanie nous éclaire sur les apports de ce déplacement.
Les rencontres avec les institutions locales furent intéressantes à plus d’un titre. D’abord nous en revenons enrichis d’une compréhension beaucoup plus fine des politiques d’aides déployées en Bulgarie et ainsi mieux outillés pour comprendre les attitudes et attentes de ces populations à leur arrivée en France. Une meilleure compréhension « culturelle » qui peut se traduire par un dialogue plus facile avec les familles dans nos accompagnements quotidiens.
Nous avons par ailleurs été surpris par l’étendue et la réactivité des actions sociales mises en œuvre par les municipalités bulgares et l’importante place accordée à la scolarisation des enfants. Les contacts noués avec les acteurs locaux vont à ce titre nous être utile. De nombreux enfants effectuent, avec leurs parents, des allers/retours entre la France et la Bulgarie et se retrouvent ainsi bloqués dans leur évolution scolaire en raison de l’absence de certains documents d’ordre administratif. Avec ces nouveaux contacts, nous avons l’opportunité d’échanger ces documents et débloquer ainsi facilement certaines situations.
Nos rencontres avec les institutions locales nous ont également permis d’expliquer le système d’aide sociale français et de déconstruire certains préjugés quant à ce qu’il est possible d’espérer une fois arrivée en France.
Enfin, la coexistence de plusieurs réalités des publics roms a été un fait marquant de nos différentes visites de terrain: quand certaines familles vivent dans des bidonvilles, d’autres vivent dans des quartiers structurés où une vie plus digne est possible.
En résumé, un déplacement ayant apporté des réponses, ouvert d’autres questions et offert des enseignements que la coordinatrice du dispositif dédié aux publics roms de France Horizon Toulouse/Occitanie va pouvoir transmettre à ses collègues et partenaires afin d’améliorer le suivi de ces populations précaires.