Résidant à St-Martin depuis 27 années, la famille Grot fut au cœur du passage de l’ouragan. Calfeutrés dans leur maison, Olivier Grot, sa femme et leurs deux enfants s’en sont heureusement sortis indemnes physiquement. Mais leur maison et leurs biens ont été ravagés et, face à l’état de dévastation de l’île, ont fait le choix de venir s’installer en métropole.
S’appuyant sur leur volonté sans faille d’aller de l’avant et comptant sur l’appui conjoint des services de l’Etat, de France Horizon et de différents acteurs publics et associatifs, ils ont pu repartir sur de nouvelles bases.
COMMENT S’EST PASSÉ VOTRE VENUE EN MÉTROPOLE ?
Ma femme et mes deux enfants sont venus rapidement, une semaine seulement après le passage de l’ouragan, par leurs propres moyens. Heureusement, nous avions mes parents en région parisienne qui ont pu les héberger dès leur retour et nos enfants ont pu être scolarisés rapidement avec l’aide de la mairie. Pour ma part, je suis resté à St-Martin près de 2 mois afin notamment de récupérer autant de papiers administratifs qu’il était possible de retrouver. J’ai finalement rejoint ma femme et mes enfants fin octobre 2017. Nous avons donc passé les premières semaines chez nos parents afin de retrouver nos esprits puis d’engager les démarches nécessaires à notre reconstruction en métropole.
DE QUELLE MANIÈRE AVEZ-VOUS ENGAGÉ VOS PREMIÈRES DÉMARCHES DE RECONSTRUCTION ?
Après avoir pris attache auprès de Pôle emploi et de la CAF notamment, la priorité fut de retrouver un logement indépendant. Nous avons ainsi contacté une assistante sociale de la mairie et avons adressé un courrier à la Préfecture notamment. La DDCS (service de la Préfecture – Direction départementale de la cohésion sociale) nous a octroyé, via le bailleur Pierres et Lumières, un logement et nous a mis en lien avec France Horizon. Ainsi, nous nous sommes vus rapidement proposer un logement à loyer modéré tandis que France Horizon a entamé notre accompagnement de deux manières différentes.
A compter des mois de septembre et octobre 2018, France Horizon a accompagné 30 ménages venus par leurs propres moyens en métropole et 182 personnes rapatriées directement par l’Etat.
JUSTEMEMENT, EN QUOI CONSISTAIT L’ENGAGEMENT DE FRANCE HORIZON À VOS COTÉS ?
Il était double. D’une part France Horizon a assumé dans un premier temps le bail de notre logement suivant le principe du « Bail glissant », ce qui a facilité et accéléré les démarches auprès de Pierres et Lumières. Nous avons pu ainsi emménager fin décembre 2017. D’autre part, un travailleur social nous a accompagnés à compter de début décembre jusqu’au mois de juin 2018. Démarches à effectuer, aiguillage vers les bons interlocuteurs, points de vigilance, coups de fil pour s’informer, transmission des informations ou intervention pour faire avancer certaines démarches… A chaque nouvelle étape de notre reconstruction, nous avons pu nous appuyer sur lui.
Les 182 personnes prises en charge par France Horizon suite au rapatriement organisé par l’Etat ont bénéficié d’un accompagnement global de nos équipes : accueil d’urgence, relogement, accompagnement administratif, psychologique, à l’ouverture des droits, à l’insertion professionnelle, à la scolarisation… Les 30 ménages accompagnés venus par leurs propres moyens, à l’image de la famille Grot, ont fait l’objet d’un relogement par les services de l’Etat avant de bénéficier d’un accompagnement social complémentaire par les équipes de France Horizon Toulouse/Occitanie.
AUJOURD’HUI, ÊTES-VOUS TOUJOURS EN BAIL GLISSANT ?
Non. Notre situation ayant bien évolué, la commission du glissement de bail, s’appuyant sur l’avancée de nos démarches et le rapport réalisé par France Horizon, a statué au mois de juin 2018 en faveur du glissement du bail. Bail que nous assumons donc depuis lors directement, sans l’intermédiation de France Horizon, ce qui constitue une avancée essentielle dans notre autonomisation.
Sur les 182 personnes relogées par France Horizon et ses partenaires bailleurs, 90 % sont aujourd’hui autonomes. Les ménages restants sont encore accompagnés par les équipes de France Horizon, le temps pour elles de stabiliser et renforcer leur situation.
SUR QUELS AUTRES ACTEURS AVEZ-VOUS PU VOUS APPUYER ?
Aujourd’hui, nous sommes autonomes. Mais au début, que ce soit à notre arrivée, lors de notre emménagement dans notre logement ou encore durant notre demande d’indemnisation auprès des assureurs, nous avons pu compter sur le soutien de différents acteurs. La Préfecture via le CCAS nous a ainsi octroyé une aide de secours spéciale pour les victimes de l’ouragan. Fondation de France, via l’antenne départementale de SOS Victimes, nous a également aidés financièrement pour notre installation. Nous avons pu aussi compter sur une épicerie solidaire durant les deux premiers mois ainsi que d’une aide au titre du Fonds social au logement « Accès » pour le dépôt de garantie et une subvention pour le mobilier.
OUTRE LE LOGEMENT, IL A FALLU SE RECONSTRUIRE PROFESSIONNELLEMENT…
Oui effectivement. Nous avons pu commencer à nous projeter dans un nouveau projet professionnel dès lors que nous avons retrouvé un logement. Avant cette étape, c’est compliqué, voire impossible. À St-Martin, j’étais co-gérant d’un restaurant, ce qui est un avantage. La restauration, qui plus est en région parisienne, offre en effet de nombreuses opportunités. De Janvier à Mai 2018, j’ai donc entrepris une formation en hôtellerie pour me spécialiser dans le service. En parallèle, j’ai effectué plusieurs missions en interim pour de l’évènementiel avant de trouver un poste plus durable qui a débouché maintenant sur un CDI, en tant que Maître d’hôtel dans un restaurant parisien. Ma femme quant à elle suit aujourd’hui une formation professionnelle pour devenir Gouvernante en hôtellerie.
ET AJOURD’HUI, COMMENT VOUS SENTEZ-VOUS ?
Aujourd’hui, nous allons bien. Nous avons reconstruit nos repères et allons de l’avant. Nos enfants de 6 et 8 ans sont pleins d’énergie tandis que leur scolarité se passe bien. Notre logement et le cadre de vie nous plaisent. Je peux même dire que nous sommes dans une période motivante. Le plus dur est en effet derrière nous et maintenant que nous avons reconstruit une situation solide, nous pouvons nous projeter et penser à nos projets personnels.
COMPTEZ-VOUS RETOURNER À ST-MARTIN OU RESTER EN METROPOLE ?
Repartir à St-Martin, cela signifierait repartir une nouvelle fois de zéro, ou presque, alors que nous venons tout juste de retrouver une stabilité et de nouveaux repères. Dorénavant, c’est ici que nous nous projetons !