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PSYCHOLOGUE – PORTRAIT

Psychologue clinicienne chez France Horizon Grenoble depuis 2008, Sylvie ROGER accompagne les personnes sur l’ensemble des dispositifs - CHRS*, Urgence, CPH**, réinstallés, Irma. Disposant d’une spécialisation en ethnopsychiatrie, elle nous éclaire sur son rôle auprès des personnes accompagnées et des professionnels.

* CHRS : Centre d’hébergement et de réinsertion sociale
**CPH : Centre provisoire d’hébergement

Comment êtes-vous devenue psychologue chez France Horizon ?

J’ai d’abord été éducatrice spécialisée durant une dizaine d’années pour l’association AIDES. C’est à partir du moment où j’ai accompagné des personnes en fin de vie que j’ai eu un déclic pour la psychologie. J’ai alors entamé de nouvelles études universitaires en psychologie, durant 6 années. J’ai rejoint France Horizon Grenoble juste après l’obtention de mon diplôme, en 2008, après un stage au sein d’un centre d’hébergement échirollois.

 

Suivi psychologique… une expression très usitée, mais que signifie-t-elle ?

Le suivi psychologique peut recouvrir la démarche psychothérapeutique, ou une action de soutien psychologique : c’est cette dernière qui prévaut en institution. En premier lieu, mon rôle est ainsi d’entendre les souffrances afin de les évaluer. Suivant leur intensité et leur nature, deux options sont possibles : amorcer un travail de soutien dans l’objectif d’aider la personne à dépasser ses blocages, ou bien l’orienter vers une prise en charge spécialisée extérieure. Les principales problématiques que je rencontre sont liées à des traumatismes liés à l’exil et /ou à l’isolement  ou encore à des difficultés psycho-éducatives rencontrées par les parents.
 

Vous attachez une grande importance à la « démystification » de votre métier…

Absolument ! Car évaluer et soutenir suppose que je sois d’abord sollicitée ! Ma première fonction est de démystifier ce qu’une psychologue peut représenter. J’utilise « l’aller vers » en me présentant systématiquement aux familles, en étant parfois à l’accueil ou en assistant à des temps collectifs. Ce qui me permet  d’établir le premier contact et de «  briser » certains préjugés. Je n’hésite également pas à effectuer des entretiens à domicile quand cela facilite la démarche. Cela représente environ un tiers de mes entretiens.

 

Vous avez une spécialisation en ethnopsychiatrie. Que vous apporte-t-elle ?

Le sens de cette approche, c’est de prendre en compte les éléments culturels du vécu des personnes et de les aider à créer un lien entre la culture d’origine et la culture d’accueil. En effet, le choc culturel subit crée souvent un sentiment d’isolement et de détresse. Ce qui peut entraver le processus d’insertion socio professionnelle.

L’ethnopsychiatrie se révèle pertinente pour aider les personnes à tracer un trait d’union entre la culture d’origine et la culture d’accueil en évoquant notamment la nostalgie et la désillusion.
En intégrant des éléments de la culture d’origine d’une personne dans la compréhension de certains comportements, nous parvenons ainsi à des résultats étonnants !

 

Le suivi psychologique d’une personne réfugiée diffère-t-elle des autres publics accompagnés par l’établissement ?

La principale différence réside surtout dans la temporalité. En effet, la durée de l’hébergement en Centre provisoire d’hébergement ou dans le cadre du programme de réinstallation des réfugiés Syriens est plus courte (durée de 12 mois maximum) qu’en CHRS. La temporalité institutionnelle n’est pas toujours en adéquation avec la temporalité psychique, surtout quand l’état de la personne nécessite un suivi psychologique qui demande du temps ! De plus, les suivis de personnes réfugiées impliquent souvent la présence d’interprètes, ce qui complexifie mon intervention.
 

Comment votre action s’articule-t-elle avec celle des travailleurs sociaux ?

D’une part, je contribue à soutenir l’équipe éducative en lui donnant quelques clefs de compréhension pouvant faciliter l’accompagnement des personnes. Outre ma présence aux réunions d’équipe et aux synthèses, il n’est par exemple pas rare qu’un travailleur social pousse la porte de mon bureau pour évoquer les difficultés de son accompagnement. Je veille alors à assurer une importante disponibilité psychique.

De plus, je peux organiser des réunions à thème. Par exemple, la dernière a porté sur les enfants exposés aux violences conjugales et s’est conclue par l’invitation du Chef de service Enfance & famille du Département et par l’acceptation de la part de l’équipe de consignes claires quant à la prise en compte de ces enfants.

 

Travaillez-vous en réseau avec d’autres psychologues ?

Oui tout à fait. C’est d’ailleurs un axe qui me tient  à cœur. Concrètement, avec six autres psychologues œuvrant auprès de publics en demande de solidarité, nous avons créé depuis cette année un collège de psychologues. Tous les 2 mois, nous nous réunissons dans l’un des CHRS de ce collège.

L’intérêt est double. D’une part cela nous permet d’évoquer les différentes problématiques que nous pouvons rencontrer. En outre, chacun, avec son bagage théorique et ses expériences, peut alors aider à lever certains blocages.

 

Quelles sont vos perspectives d’évolution ?

Je souhaiterais continuer à enrichir mon réseau professionnel (qui m’est bien utile pour orienter les personnes si besoin) en  participant notamment à des colloques et autres temps d’échanges. Avec le soutien de France Horizon, j’ai  pu dernièrement suivre une formation universitaire diplômante portant sur l’hypnose thérapeutique. Celle-ci me permet, dans ma pratique, de mieux intégrer la composante corporelle dans les suivis individuels (quand cela s’avère nécessaire). De plus, je souhaiterais constituer en 2019 un groupe de parole à destination des femmes migrantes qui serait également ouvert à des personnes provenant d’autres CHRS.

Enfin, j’aimerai être en lien avec les psychologues d’autres centres de France Horizon pour échanger sur nos pratiques et constituer, pourquoi pas, notre propre collège !

Ce travail de psychologue en lien avec une équipe pluridisciplinaire en direction de familles en difficultés (migrantes ou pas) est réellement passionnant et j’espère le faire encore longtemps !

 

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